Winflotte décrypte 3 scénarios concrets pour s’adapter à une réglementation européenne en pleine mutation.
Un calendrier européen qui évolue, une pression accrue pour les flottes françaises
Le 8 juillet 2025, la Commission européenne a officiellement ouvert une consultation publique sur la révision des normes d’émission de CO₂ pour les véhicules utilitaires légers (VUL). Elle court jusqu’au 29 septembre 2025 et concerne directement la France, où les VU représentent plus de 30 % des flottes professionnelles (ADEME, 2023).
👉 Cette révision s’inscrit dans la stratégie climatique européenne de long terme : atteindre la neutralité carbone en 2050 et réduire d’au moins 55 % les émissions nettes de gaz à effet de serre d’ici 2030 par rapport à 1990.
Parallèlement, un changement important est déjà acté :
- Le Conseil de l’UE a validé fin mai 2025 une flexibilité pour les constructeurs, qui pourront désormais évaluer leur conformité CO₂ sur la période 2025–2027 plutôt qu’année par année.
- Pour les flottes françaises, cela signifie que les industriels auront un peu plus de latitude pour ajuster leur offre, sans remise en cause des grands objectifs 2030 et 2035.
Enfin, les débats se tendent : plusieurs grands constructeurs européens (dont des acteurs très présents en France) jugent les cibles 2030/2035 “irréalistes” et poussent pour une prise en compte des hybrides rechargeables, de l’hydrogène et des e-fuels. Une réunion clé est prévue le 12 septembre 2025 avec la présidente de la Commission.
Le calendrier à retenir
- Juillet–septembre 2025 : consultation publique européenne sur les normes CO₂ et l’étiquetage énergétique.
- Novembre 2025 : publication de l’analyse d’impact par la Commission.
- 2026 : “clause de revoyure” officielle intégrée dans Fit for 55 → point d’étape décisif.
- 2030 : nouvelle étape contraignante (réduction de 50 % des émissions VUL par rapport à 2021).
- Juillet 2030 : entrée en vigueur d’Euro 7, qui s’appliquera aussi aux VUL en France (freins, pneus, particules).
- 2035 : objectif final de 100 % zéro émission pour les VUL.
Pour les gestionnaires de flotte français, ces jalons réglementaires conditionnent dès aujourd’hui les choix d’investissement.
FOCUS – VU : l’angle mort de la transition énergétique
Les véhicules utilitaires sont le pivot de nombreuses activités françaises :
- Livraison du dernier kilomètre, BTP, maintenance, santé à domicile, services techniques.
- Plus lourds, moins aérodynamiques et souvent utilisés avec de forts chargements → donc plus émetteurs que les VP.
- Moins électrifiés que les VP : autonomie limitée, offre insuffisante, contraintes rurales et climatiques.
- Ciblés en priorité par les ZFE (Zones à Faibles Émissions), qui concernent déjà 11 métropoles françaises.
Conséquence : le TCO des utilitaires électriques reste difficile à rentabiliser, malgré les aides publiques. Pourtant, les obligations fiscales (TVS, amortissements, fiscalité verte) et environnementales (ZFE, seuils CO₂) continuent de se renforcer.
👉 À noter : la consultation européenne associe non seulement les constructeurs, mais aussi les PME, territoires et utilisateurs finaux. Les gestionnaires de flotte ont donc, indirectement, l’opportunité de voir leurs contraintes métiers intégrées dans le débat.
Les 3 scénarios de transition envisageables
À partir des signaux remontés dans les débats européens et français, Winflotte identifie 3 trajectoires réalistes pour les flottes utilitaires.
Scénario 1 – Statu quo jusqu’en 2028, puis bascule rapide
- Profil : organisations attentistes, majoritairement équipées en Crit’Air 1 ou 2, peu exposées aux ZFE.
- Logique : conserver les VU thermiques récents (diesel Crit’Air 1/2) jusqu’à la stabilisation du cadre, puis renouveler massivement en 2028–2030.
- Avantage : éviter des surcoûts liés à des transitions prématurées.
- Risque : tension sur l’offre et pénurie possible en 2029–2030, surtout en France où la demande sera concentrée.
Scénario 2 – Transition progressive par typologie d’usage
- Profil : flottes mixtes implantées en zones ZFE (Paris, Lyon, Marseille, Toulouse…) ou sur des bassins en transition.
- Logique : électrification ciblée (livraison urbaine, courte distance), maintien thermique ou hybride ailleurs.
- Avantage : équilibre TCO / conformité réglementaire / image RSE.
- Risque : gestion plus complexe d’un double parc.
Scénario 3 – Diversification technologique et tests terrain
- Profil : grands groupes français ou entreprises innovantes (pharmaceutique, industrie, tech) avec un objectif RSE fort.
- Logique : tests sur carburants alternatifs (bioGNV, e-fuels), hydrogène, hybrides longue autonomie, retrofit.
- Avantage : anticipation des normes, différenciation RSE, montée en compétence.
- Risque : technologies encore instables ou non généralisables en 2025.
Flexibilités en discussion au niveau européen
Parallèlement aux scénarios, la Commission explore des marges de manœuvre pour éviter une rupture trop brutale :
- Normes différenciées selon les usages professionnels (urbains, longue distance, utilitaires lourds).
- Exemptions temporaires pour certains secteurs difficiles à électrifier rapidement.
- Crédits/bonus pour les pionniers adoptant tôt des technologies bas carbone.
Ces mécanismes visent à accompagner la transition sans fragiliser l’économie ni la logistique.
Externaliser la stratégie pour sécuriser la transition
La gestion des flottes utilitaires requiert une expertise rare : réglementation, fiscalité, logistique, énergie. Peu d’entreprises françaises l’ont en interne.
L’externalisation partielle ou totale avec Winflotte Auto Strategist permet de :
- Soulager les équipes achats, RH, SI et finances,
- Limiter les erreurs fiscales,
- Suivre en temps réel coûts et émissions,
- Construire une feuille de route CO₂/TCO claire et adaptée.
👉 Atout supplémentaire : la digitalisation devient un levier incontournable. Automatisation de la collecte des données, suivi des émissions réelles, reporting CO₂ simplifié, … Autant d’outils qui réduisent la charge administrative et renforcent la transparence.
En résumé : ce que vous pouvez faire dès aujourd’hui
- Anticiper la clause de revoyure 2026 avec un audit énergétique et fiscal de votre flotte.
- Évaluer votre exposition ZFE selon vos villes d’implantation.
- Simuler les 3 scénarios de transition en fonction de vos usages réels.
- Surveiller les arbitrages de la Commission européenne à l’automne 2025 et la mise en œuvre de Euro 7 en 2030.
- Suivre aussi les mutations économiques des constructeurs (alliances, relocalisations, nouveaux modèles de mobilité partagée), car elles conditionneront l’offre disponible pour les gestionnaires de flotte français.
Conclusion
La transition des utilitaires professionnels ne peut plus être différée. Entre objectifs climatiques ambitieux, incertitudes sur les technologies et flexibilité en cours de discussion, les gestionnaires de flotte doivent bâtir leur stratégie dès aujourd’hui.
Avec une approche méthodique — analyse réglementaire, simulation de scénarios, digitalisation du pilotage —, vous transformez une contrainte en avantage compétitif.